Henri Tsiang

Valeurs asiatiques, mythes ou réalités

Valeurs Asiatiques – Mythes ou réalités

 

Henri Tsiang

 

Introduction

 

Au moment où la poursuite de la construction de l’Europe connaît des difficultés, une remise à plat de la spécificité et des propriétés intrinsèques des valeurs européennes s’impose. Face à l’évolution de la mondialisation, la montée en puissance des pays en Asie, et à l’émergence d’autres valeurs religieuses, une redéfinition des bases de sa propre identité est un exercice utile. Les tragédies survenues à New York, Madrid, Londres et dans des pays musulmans indiquent que les valeurs occidentales sont confrontées à d’autres idéaux dont le terrorisme en est l’expression pervertie et extrême. Tout doit être fait pour éviter de créer un environnement favorable à la radicalisation de conflits de valeurs. Elle nécessite une meilleure connaissance de la culture de l’ « autre » et un regard critique sur ses propres valeurs.

 

Si le champ d’action naturel des valeurs occidentales se trouve principalement en Europe et en Amérique du Nord, qu’en est-il des « valeurs » issues d’autres civilisations non chrétiennes ? La confrontation des valeurs chrétiennes avec celles du judaïsme ou de l’islam fait l’objet de débats fréquents. En revanche, les valeurs dites asiatiques sont peu évoquées.  Quelles sont ces valeurs asiatiques ? Existent-elles ? Comment se situent-elles face aux valeurs occidentales ? Telles sont les questions que l’on peut se poser. Il n’est pas non plus inutile d’analyser comment les cultures asiatiques perçoivent ces valeurs étrangères, les adoptent ou les rejettent et les confrontent à leurs propres références.  

 

Les valeurs asiatiques existent-elles ?

 

En Asie, les valeurs ont des origines différentes. Elles ne sont pas issues d’une religion monothéiste, mais d’un complexe de traditions et de cultures plusieurs fois millénaires. Nous parlerons essentiellement des valeurs de l’Asie de l’Est et plus particulièrement de la Chine.

 

Quels que soient les pays asiatiques, il existe des points communs dont le principal est la perception de l’homme et de sa présence dans le monde. En Asie, l’homme est considéré comme un élément intégré à la nature au même titre que tous les organismes vivants ou objets inanimés. En Occident, l’Homme a été extirpé de la nature pour devenir un être supérieur, un « élu » de Dieu. Cette supériorité est vécue comme une évidence, que ce soit dans les sphères religieuses ou laïques. Les principales préoccupations en Asie ont été celles des relations de l’homme face à la nature, et celles de son intériorité, et non celles de sa supériorité dans l’Univers.

 

La notion d’universalité propre aux valeurs occidentales n’a pas eu de développement en Asie où seule la « nature » est universelle. Elle ne peut pas être inventée par une de ses propres créations. Les asiatiques ne sont pas passés par le stade d’une vérité révélée, et les concepts qui en découlent n’y sont pas perçus de la même façon. De même la dualité entre le Bien absolu ou le Mal absolu n’existe pas en Asie. C’est la symbolique du Yin et du Yang qui joue un rôle central en intégrant la notion de complémentarité, d’équilibre et d’harmonie, et non de confrontation.  

 

Ces quelques particularités permettent de comprendre que lorsqu’on parle de valeurs en Occident ou en Asie, elles n’ont pas les mêmes connotations. Les civilisations et les cultures dont le formatage mental ne s’est pas structuré dans le moule des religions monothéistes n’ont pas la même perception des valeurs qui en sont issues.  

 

Les Valeurs Traditionnelles

 

Pourquoi parle-t-on alors de valeurs asiatiques ? Confucianisme, taoïsme et bouddhisme ont été les principales sources pour définir les règles de conduite des sociétés asiatiques. Le confucianisme propose les comportements qui favorisent la stabilité sociale et politique sous forme de préceptes. Confucius (551-479 avant J.-C.), et ses disciples ont certainement été les premiers à rationaliser les règles de bonne gouvernance en Asie. Le confucianisme est basé sur une double responsabilité, celle de l’empereur qui garantit une vie harmonieuse à sa population, et celle du peuple de favoriser cette gouvernance par un comportement social exemplaire.

 

Le taoïsme dont les premières bases ont été jetées par Lao Tze, contemporain du confucianisme, propose de trouver les voies de l’épanouissement par une démarche intérieure vers la sagesse. L’épanouissement de l’individu en Asie ne passe pas par la conquête d’une liberté sociale jugée illusoire.

 

Le bouddhisme, en provenance de l’Inde, propose une recherche de spiritualité. Le respect de toutes les formes de la vie, et donc une tolérance de l’autre très développée caractérise les bouddhistes qui sont les principaux pratiquants religieux dans la majorité des pays asiatiques.

 

Les valeurs en Asie sont ainsi basées sur la résultante de ces trois tendances : confucianisme, taoïsme, bouddhisme. Les deux premiers ne sont pas à  proprement parler des religions puisque sans clergé. Ils ont fortement imprégnés les populations asiatiques et influencé les comportements de façon inconsciente.

 

Les valeurs morales, de respect d’autrui, le bon comportement social, sont des éléments qui se retrouvent au cœur des valeurs traditionnelles asiatiques. Elles sont basées avant tout sur le respect de la famille, du clan, de la communauté élargie ; respect de la hiérarchie, de l’ordre établi; sens de la fidélité, du sacrifice et du dévouement à la collectivité. Il en résulte une société où les attitudes sont guidées vers l’autodiscipline, l’auto-effacement, la frugalité. Le travail est une vertu morale participant à la construction de l’individu et non une contrainte sociale. Les études reçoivent une attention particulière. Parmi les vertus sociales, les concessions mutuelles sont nécessaires pour assurer la cohésion sociale, la défense d’un intérêt individuel étant considérée comme égoïste, la provocation comme irresponsable et asocial.

 

Les Valeurs Religieuses

 

Fondement des valeurs traditionnelles, les religions ont joué un rôle central dans l’émergence d’un humanisme qui a profondément marqué toute l’histoire de l’homme. Les rives de la Méditerranée ont vu émerger les grandes religions monothéistes. Malgré certaines divergences, le mode de pensée et les processus mentaux qui ont construit la spécificité des peuples méditerranéens sont fondamentalement identiques. Le rayonnement de ces valeurs traditionnelles, et de ces religions cousines a largement contribué à leur influence dans le monde, l’Islam en Afrique et en Asie, le christianisme sur tous les continents. Ces valeurs ont posé les bases morales et éthiques de nombreuses sociétés. Ceci reste vrai même lorsque la laïcité a remplacé le fait religieux pour les individus et dans la conduite des affaires de l’Etat.

 

Dans les sociétés asiatiques, et en particulier en Chine, aucune religion n’y a pris sa source. Le bouddhisme ainsi que l’Islam, le christianisme ou le judaïsme ont tous été importés.  C’est le bouddhisme qui a exercé la plus grande influence en Chine. Introduit dès le 1er siècle à partir de l’Inde, cette forme de bouddhisme Mahayana s’est étendue à d’autres pays asiatiques, Corée, Vietnam, Cambodge, Thaïlande, Birmanie, etc. Au Japon, il devient le bouddhisme zen au 12ème siècle. Une branche différente de bouddhisme dit lamaïque est présente au Tibet à partir du 7ème siècle.

 

En Asie, les dieux des grandes religions importées côtoient les divinités locales. La pratique du confucianisme et du taoïsme, les cérémonies des cultes de l’ancêtre, les rituels funéraires ou le culte des saints locaux ne sont pas antinomiques. Il n’existe pas d’exclusion mutuelle : différentes pratiques peuvent même co-exister chez la même personne.

 

Les premières véritables rencontres de la Chine avec la chrétienté ont eu lieu grâce aux jésuites (1583-1795). Les religieux français et italiens fortement sinisés avaient réussi à convertir des chinois à la religion catholique tout en acceptant les pratiques confucianistes. Mais le pape avait fait interdire les pratiques païennes des chinois convertis, créant un conflit d’autorité avec l’empereur. Aujourd’hui, le même conflit agite le Parti Communiste Chinois et le Vatican ! Mail il est emblématique que 4 siècles plus tard, les autorités chinoises à l’entrée dans le troisième millénaire, aient voulu rendre un hommage marqué à un italien, Matteo Ricci (1552-1610), fondateur de la mission jésuite en Chine, pour son respect des « valeurs » chinoises.  

 

En Chine, les religions ne sont pas perçues comme des éléments porteurs de valeurs positives universelles mais comme des superstitions. Elles sont assimilées à l’instrumentalisation politique qui avait justifié les colonisations et les actions militaires par l’introduction des valeurs civilisatrices et l’ouverture au commerce. Elles sont tolérées par les autorités chinoises, mais toute tentative de politisation est réprimée avec vigueur.   

 

La Chine compte environ 1 milliard de personnes non croyantes pour environ 250 à 350 millions de pratiquants toutes religions confondues. Il est intéressant de noter qu’il n’existait pas de mot en chinois pour désigner la religion, et ce n’est qu’en 1901 que le terme de zongjiao a été inventé. La Chine n’a pas connu de guerre de religions dans son histoire car elles n’y ont jamais joué le rôle central qu’elles ont eu en Occident.  

 

Dans chaque pays asiatique, un mélange de différentes tendances va concourir à construire la spécificité de chaque identité. Prédominance bouddhiste comme en Thaïlande, prédominance musulmane comme en Indonésie, christianisme aux Philippines ou laïcité en Chine.

 

Et les Valeurs Démocratiques ?

 

Les valeurs démocratiques prennent historiquement leur origine chez les philosophes grecs, se sont enrichies au siècle des Lumières et pris leur place dans les sphères politique, philosophique et sociale (Déclaration Universelle des Droits de l’Homme à l’ONU) plus récemment. C’est vers le milieu du siècle dernier que ces valeurs ont envahi les préoccupations quotidiennes populaires. A l’heure actuelle, aucune prise de parole ne se fait sans citer les valeurs démocratiques ou les droits de l’homme, remplaçant les références antérieures à une civilisation supérieure ou à une religion. Aux Etats-Unis et dans le monde islamique, la référence à Dieu est toujours incontournable. 

 

Depuis un demi siècle, le nombre de pays ayant adopté une démocratie parlementaire a progressé de façon significative sur tous les continents. L’établissement de la démocratie est censé apporter une meilleure gouvernance, la réduction de la pauvreté, l’éradication de la faim, assurer la santé et l’éducation de tous, et le respect des droits de l’homme. Ceci est une réalité dans la très grande majorité des pays développés. C’est en revanche moins évident dans beaucoup de pays pauvres. Dans le continent africain où se trouve une majorité de nouvelles démocraties, la pauvreté aurait augmenté de façon significative. Malgré cela, les opinions occidentales insistent sur l’introduction de leurs valeurs en Asie, dans un ensemble d’éléments indissociables (religieux, politique, social, militaire, philosophique).  

 

La confrontation d’un empire chinois en pleine décadence au début du siècle dernier avec une civilisation dominante venue de l’Occident avait été un choc considérable. La toute puissance occidentale avait contribué à une remise en cause radicale des valeurs chinoises. C’est ainsi que les valeurs et les cultures asiatiques avaient été rejetées, considérées comme responsables du déclin de la Chine. Après bien des tourmentes, des guerres civiles et une période de colonisation, le pouvoir est enfin unifié en 1949 par Mao Tze Dong. Les religions et les références aux traditions populaires, y compris les valeurs occidentales de la démocratie y furent interdites. Il s’agissait d’éradiquer les idéologies et les pratiques susceptibles de contrecarrer la création d’un nouveau socialisme. A l’heure actuelle, les autorités chinoises affichent toujours de la défiance vis-à-vis des pressions occidentales pour introduire immédiatement la démocratie dans leurs institutions. L’idée que la démocratie est instrumentalisée par les puissances hégémoniques occidentales reste présente dans toute l’Asie.  

 

Les Nouvelles Valeurs

 

Les Valeurs Asiatiques revisitées

 

La stabilité politique et l’organisation sociale, purs produits de l’application des règles et préceptes essentiellement issus de la tradition confucéenne seraient à l’origine du développement économique des pays asiatiques. Les défenseurs de ces nouvelles valeurs asiatiques, essentiellement l’ancien premier ministre malaysien Mohamad Mahathir et le leader singapourien Lee Kuan Yew y voient les ressorts de la transformation de leur pays et de la région. Gouverner avec autorité et créer un environnement économique et social favorable, autrement dit une société stable et « harmonieuse » seraient les secrets de la réussite en Asie. Un amalgame de courants et de pensées néo-confucéennes a modelé les différents pays de l’Asie de l’Est tout en se nourrissant des transformations sociales et économiques contemporaines.

 

Le Néo-Confucianisme en Chine

 

Dans la plupart des pays de l’est asiatique, les traditions ritualisées du confucianisme ont pris des racines profondes et ont persisté sans rupture avec l’importation des différentes religions. Au contraire, en Chine le confucianisme avait été interdit après 1949. Depuis la politique d’ouverture de la Chine par Deng Xiao Ping, un certain retour vers les valeurs traditionnelles s’est opéré et une forme de néo-confucianisme a été proposée par les milieux intellectuels.

 

En Chine, l’idéologie communiste n’est plus une référence à travers une mutation qui s’est faite sans déclaration officielle. La Chine risque aujourd’hui de basculer vers les pires aspects des civilisations occidentales sans pouvoir s’approprier ses valeurs fondamentales. Il faut en effet constater une évolution très inquiétante des jeunes générations. Fascinées par les réussites faciles, aux prises avec une appropriation mal digérée de la sous culture liée à la consommation, elles perdent référence morale et éthique. Cette dérive est accentuée par le phénomène de l’enfant unique qui a comme conséquence des générations de chinois plus égoïstes. Si le vide idéologique s’accompagne d’une perte des valeurs traditionnelles, la société chinoise risque en effet de basculer vers le chaos.

 

Les valeurs traditionnelles du confucianisme sont en train de reprendre leur place en Chine. Cette tendance est accompagnée d’un retour du bouddhisme et du taoïsme. Ce retour est observable même dans les sphères gouvernementales. Passant d’un « idéal socialiste » importé et de plus en plus négligé, vers des préceptes de bon comportement social, le renouveau du confucianisme pourrait être un facteur de stabilité et de cohésion sociale. Un signe qui ne trompe pas, les autorités chinoises sont en train d’établir un réseau d’une centaine d’Instituts Confucius chargés de faire connaître la culture et la langue chinoise à l’étranger depuis 2005..   

 

La présence de l’influence confucéenne n’est pas forcément visible. Elle se manifeste à travers des choix individuels. Le confucianisme ne s’exprime pas, il se vit. Cette présence confucéenne ne se manifeste pas au niveau des pratiques politiques, d’actes de dévotion, de revendication publique, et ne sont pas mis en exergue à travers les discours. Ces valeurs traditionnelles sont visibles indirectement dans le comportement des communautés asiatiques de la diaspora internationale. Les qualités de discrétion, de travail, de liens familiaux, de solidarité, de courtoisie sont en général très appréciées dans les pays hôtes. Les asiatiques de la diaspora se font peu remarquer par des revendications. La très grande priorité donnée à l’éducation est l’un des éléments clef de l’intégration sociale.  

 

Le retour du confucianisme permettrait aux autorités chinoises de s’appuyer sur des valeurs chinoises ancestrales qui, adaptées à la mondialisation, légitimeraient le mandat de gouvernance du Parti Communiste Chinois.

 

 

Les Valeurs Démocratiques en Chine

 

Malgré les réticences évoquées précédemment, il ne fait aucun doute que les valeurs occidentales prennent une place croissante dans la société chinoise. Des intellectuels militent pour plus de démocratie. C’est effectivement un mouvement de fond qui s’est progressivement installé dans de nombreux domaines de la société chinoise. La mondialisation des pratiques commerciales en Asie a introduit les premiers éléments de démocratie. Les champs de libertés se sont progressivement élargis au cours de ces vingt dernières années. Cette évolution a besoin de l’assentiment populaire qui ne la considère pas encore comme prioritaire.  Elle ne peut pas se baser sur quelques ténors prônant une démocratie immédiate à l’occidentale.

 

Si les autorités chinoises ne définissent pas la démocratie suivant les dogmes occidentaux, en particulier pour les élections parlementaires, les convergences dans les acquis sociaux et économiques sont aujourd’hui une réalité. De même que le confucianisme est présent dans la population chinoise sans que cette présence ne se manifeste de façon outrancière, les valeurs démocratiques ont pris une place non négligeable par la pratique d’une liberté quotidienne revisitée.

 

Des Valeurs en Mutation

 

La bonne marche des économies, l’évolution très rapide des sociétés civiles, la bonne gouvernance de la plupart des grands pays en Asie de l’Est, incitent les populations à retrouver leurs identités à travers un modèle asiatique original. Les valeurs asiatiques contemporaines sont tournées à la fois vers les traditions avec un retour en force d’un néo-confucianisme, et en même temps vers une appropriation progressive des acquis positifs venus de l’Occident.

 

De même que la biodiversité est une valeur à protéger, la diversité des civilisations, des cultures et des religions ainsi que leurs valeurs, sont aussi précieuse. Des conflits ou des guerres au nom de valeurs ou de civilisation sont aujourd’hui les dangers plus graves pour la planète. La paix dans le monde dépend maintenant de la lucidité des dirigeants et des sociétés à créer des conditions pour réduire les situations de confrontations. Se raccrocher à des valeurs est nécessaire, mais présente aussi le risque d’être sources de refus de l’autre, de dénigrement de ce qui est étranger et d’intolérances exacerbées.

 

La Chine semble avoir pris l’option de n’importer les valeurs occidentales qu’avec circonspection. Elle a cependant changé en profondeur en moins de 30 ans. Cette évolution s’est faite sans déclaration tapageuse sur des objectifs idéaux à atteindre, mais dans le cadre de réalisations pratiques validées sur le terrain. La Chine tente avant tout de réussir avec efficacité ses objectifs prioritaires (santé, droit au travail, éducation, développement, social, etc.) qu’elle rempli la plupart du temps mieux que les pays qui ont adhéré trop intempestivement à des valeurs imposées. En opérant une mutation spectaculaire d’une société qui représente le 1/5 de la population mondiale, en assimilant progressivement les valeurs occidentales et en se réappropriant les valeurs asiatiques traditionnelles, la Chine réalise sa transition …. en douceur.

 

 

19 février 2006

 

Henri Tsiang

Président de l’AFCDTI

Ancien chef du service de la rage

Institut Pasteur de Paris

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Publié dans la revue "Passages"

 

Sommaire Passages n°148

Printemps 2006


Dossier : Peut-on exporter les valeurs

 

Valeurs asiatiques : mythe ou réalité    (pp. 54-56)

Henri Tsiang



17/07/2011
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